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Arrêt du 5 juin 2019 : le sourire de la défaite

mercredi 5 juin 2019, par Raphj

Communiqué de presse

Jugement

C’est avec un petit sourire que la présidente de la 10e chambre du tribunal d’appel de Paris a rendu sa décision cet après-midi. Sans profiter de l’ouverture offerte par le parquet de requalifier le dommage en dégradation légère, la magistrate a confirmé le jugement rendu en première instance, tant au pénal qu’au civil soit 1 € de dommages et intérêts, 200 € de frais aux dépens par personne et 200 € d’amende par personne sauf le porteur de mégaphone à 100 €.

Ce jugement intervient suite à une action du collectif pour dénoncer les panneaux numériques, qui s’était tenue à la Gare de Lyon à Paris le 2 mai 2015. Cinq barbouilleurs avaient écrit des messages sur les panneaux, un parlait au mégaphone, un autre diffusait des tracts.

Nous regrettons cette condamnation de militants non-violents, et la pénalisation des manifestants qu’elle implique. S’il y a un délinquant, c’est le système publicitaire, car anti-démocratique, climaticide, polluant, responsable de nombreux problèmes de santé (anorexie, diabète, frustration et dépression, etc.) et de l’épuisement des ressources naturelles.

Pourtant, malgré la dénonciation croissante de ses effets délétères,
l’industrie publicitaire et le modèle de consommation qu’elle suscite poursuivent leur déploiement dans les espaces publics et quotidiens.

Contexte

La RATP lance actuellement un appel d’offre pour l’exploitation de l’affichage publicitaire dans le métro parisien. Le 16 avril 2019, les membres de l’association Résistance à l’Agression Publicitaire ont manifesté devant le siège de la RATP pour demander "l’arrêt du déploiement des écrans et le retrait de ceux déjà présents". L’association rappelle que les usagers consultés par la RATP sont globalement opposés aux panneaux numériques dans le métro.

De même, alors que 95% des habitants consultés à l’occasion de la révision du Règlement Local de Publicité ont demandé la suppression des panneaux publicitaires et numériques, dès Juin 2019, 1630 panneaux seront de retour dans les rues de la capitale. Cette aberration écologique et énergétique a été votée par le Conseil de Paris et confiée à l’afficheur Clear Chanel. Ces panneaux restent pour le moment conventionnels (non numériques) de par le RLP, mais ce maigre rempart risque d’être pulvérisé à la première occasion, par exemple lors des Jeux Olympiques de 2024.

Sur cette généralisation annoncée des panneaux numériques

Dans notre argumentaire, nous disions que l’affichage extérieur est celui auquel on ne peut échapper, contrairement à la télévision et la radio qu’on peut éteindre, ou aux journaux qu’on peut laisser sur le présentoir. Les publicitaires en ont pris bonne note, mais pas dans le sens escompté. Fidèles à leur créativité légendaire, ils sortent la télé dans la rue, empêchant ainsi toute extinction intempestive dommageable pour leurs profits. Plus qu’une télé, le panneau numérique est même en train de devenir une interface du réseau social - voir l’expérimentation à Rennes avec les fournisseurs de contenu - nous obligeant à suivre le profil nul et bourré de pub auquel on n’aurait jamais eu l’idée de s’abonner chez soi. Ainsi, peut-être ferons-nous prochainement la triste expérience de voir Aurélien Barrau s’exclamer "c’est complètement ubuesque !" dans un de ces panneaux, et la boucle sera bouclée.

Enfin, en cohérence avec l’approche "réseau social", l’industrie publicitaire s’attache actuellement à disposer dans les panneaux la technologie pour recueillir les données personnelles des usagers.

Nous continuerons d’une façon ou d’une autre à nous interposer devant l’invasion publicitaire. Faute de parvenir à déjouer cette machination infernale, le monde ne pourra pas amorcer la transition nécessaire ni éviter la catastrophe annoncée, climatique, environnementale et sociale.

Agenda

Le 13 novembre 2019, comparution d’un déboulonneur lillois au Tribunal de Police de Lille suite à la 100e action du Collectif de Lille